S'évader en prison


Atelier de création avec 7 détenus de la Maison d’arrêt d’Angers
avec l'accompagnement de Nathalie Guimbretière, artiste-chercheuse

A l’initiative de la coordination culturelle de la maison d’arrêt d’Angers et du Festival Premiers Plans, un atelier création audiovisuelle a été proposé aux personnes détenues en octobre-novembre 2021.
Accompagnés d’une intervenante professionnelle, il leur a été proposé de créer leur propre film à la manière d’un machinima sur le thème de la métamorphose.


Nathalie Guimbretière 

Plasticienne et chercheure en art et en design, le travail de Nathalie Guimbretière travail porte sur l’esthétique et la politique du mouvement, ainsi que l’activation poétique et utopique d’outils de création en temps réel. Une grande partie de son travail actuel a pour vocation d’imaginer des processus de création et de réflexion innovants entre artistes et scientifiques. Pour cela, elle crée des dispositifs protéiformes : film, jeux vidéo, installations, performances audio-visuelles, éditions.

Nathalie Guimbretière

Un défi de création

Le défi pour l’intervenante était de taille. Il s’agissait de donner envie à des participants de réaliser un court métrage, mais dans un endroit clos, avec un matériel restreint et sans connexion internet, dans un temps limité à huit séances seulement ! Sa proposition fut de s’aventurer dans la réalisation un film à partir d’images de jeux vidéo. Mais comment raconter une histoire dans un espace virtuel ?


Mélanger le cinéma d’animation et les jeux vidéo : c’est ce qu’on appelle le Machinima

Le film est conçu à partir de séquences audiovisuelles enregistrées lors de parties de jeux vidéo. Ces séquences sont ensuite montées avec une bande sonore composée de voix off ou dialogues, bruitages et musique.

Les premières séances ont été sources de beaucoup de discussions et de partage de points de vue sur leurs jeux vidéo et films de prédilection, savoir-faire audiovisuels, et idées d’histoires.

Jeu vidéo : Life is strange

Scénario

Idées de départ, prémices

1) Ambiance chantier, un ancien détenu vient poser une porte d’entrée au domicile d’un directeur de prison
2) Une montagne, une famille, un van en panne
3) Des animaux virtuels dans un parc animalier 
4) Un fils impliqué dans une histoire de drogue et qui fait tout pour se sortir de ses problèmes


C’est finalement un mix entre les deux premières idées qui a amené l’histoire : 2 familles, celle d’un gardien de prison et celle d’un ancien détenu, se retrouvent en montagne par hasard dans le même camping…

Et c’est là que l’aventure a commencé, que les participants se sont approprié la démarche.

Étapes de création

Les étapes qui ont suivi se sont concentrées sur les aspects techniques de la réalisation, tout en gardant la perspective de création collective : choisir les jeux vidéo, y jouer, enregistrer les séquences visuelles, puis sonores (enregistrement des voix), montage vidéo….
Vous pouvez retrouvez le journal de bord en cliquant sur les différents photos de l'article.
8 séances, 7 détenus, 3 ordinateurs, 2 jeux vidéo (GTA V et Life is Strange), 18 000 doutes… pour arriver à la 9e rencontre : la restitution !

Matériel à disposition


Projection finale

Le 18 novembre 2021, Nathalie Guimbretière et son équipe de réalisateurs ont pu présenter à d’autres détenus leur court métrage de dix minutes intitulé :
 
« Si différents ? »

Et après ?

Afin de valoriser ce travail qui représente pour tous les contributeurs une expérience unique et privilégiée, le film a été gravé sur DVD, pour être donné aux participants de l'atelier et mis à disposition à la bibliothèque de la maison d’arrêt. Cet atelier fera l’objet de contributions à des publications universitaires de Nathalie Guimbretière, son premier axe de recherche étant de questionner la politisation d’un atelier de création.

Partenaires

Cet atelier mis en place par le Festival Premiers Plans et La ligue de l’enseignement des Pays-de-la-Loire, coordination culturelle de la maison d’arrêt d’Angers en partenariat avec les Ministères de la culture et de la justice et le SPIP 49 (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation du Maine et Loire)

Remerciements à Véronique Charrat, responsable action culturelle à Premiers Plans et à Cécile Van Den Meersschaut, coordinatrice culturelle de la maison d'arrêt qui ont coordonné la mise en place du projet, ainsi qu'à Nolwenn Lodvard médiatrice cinéma à Premiers Plans qui a assisté Nathalie Guimbretière lors des séances de l'atelier.





 « C’est la première fois depuis un mois que je sors de la galère de mon quotidien de la prison, merci, ici, on s’évade ! »


« Moi, j’aime beaucoup les jeux vidéo, j’y joue beaucoup. »



« C’était l’occasion de faire quelque chose vers lequel je ne serais jamais allé si j’avais été à l’extérieur »



« Cet atelier fait du bien à l’estime de soi : je suis fier de là où on est arrivé. »


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